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En Esat, s’adapter, se réinventer et tenir

Longs FormatsLaetitia DELHON29 janvier 2021
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L’activité et l’accompagnement social en Esat ont été très fortement impactés par la crise sanitaire. Le secteur, qui demande au gouvernement de soutenir les établissements fragilisés, a su faire preuve d’adaptation. De quoi conforter son rôle d’acteur de l’inclusion par le travail.

David Guillaume s’excuserait presque. Travailleur à l’établissement et service d'aide par le travail (Esat) de l’association l’Essor à Falaise (14), il raconte avoir plutôt bien vécu la crise sanitaire.

« Pendant le premier confinement, j’ai joué à la console, regardé des séries, cuisiné avec ma compagne. Je n’ai pas trouvé le temps particulièrement long », décrit-il. Un voisin allait lui récupérer ses courses au drive, car il n’a pas de voiture. Une éducatrice téléphonait régulièrement pour prendre de ses nouvelles.

Faire avec

Puis le travail a repris, en mai, avec les précautions requises. Son projet de mariage, prévu pour l’été ? « On essaiera cette année ou l’année prochaine », dit-il simplement. Surtout, ne pas se plaindre.

Les gestes barrière, le couvre-feu, l’incertitude permanente ? Il faut bien faire avec. « J’ai un toit, à manger tous les jours, y’en a qui perdent leur boulot, qui sont seuls. Il y a pire que moi ».

Un confinement brutal

Jacques Serpette, directeur général de l'Adapei 27. DR

À son image, les Esat n’ont pas fait beaucoup parler d’eux tout au long de cette crise sanitaire. En dehors de plusieurs alertes associatives face aux difficultés de certains établissements, notamment sur le plan commercial, la situation psychosociale des travailleurs n’a pas défrayé la chronique. Ici comme ailleurs pourtant, le confinement fut brutal.

« Tout s'arrête »

« Du jour au lendemain, tout s’arrête, sauf les activités indispensables, comme la cuisine centrale et la blanchisserie, décrit Jacques Serpette, directeur général de l’Adapei 27. Les travailleurs restent chez eux et les moniteurs d’ateliers font un autre métier : de l’accompagnement à distance ou en continu dans nos foyers d’hébergement ».

Réorganiser en un temps record

Tout s’arrête, tout se transforme, en un temps record. Il faut expliquer la situation aux travailleurs, maintenir les activités essentielles, lister les volontaires pour se rendre en atelier, organiser des roulements d’équipe pour éviter les contaminations, remplacer les travailleurs par des moniteurs sur certains postes, garantir le respect des consignes sanitaires, chercher des masques par tous les moyens.

Mais surtout : s’assurer que les travailleurs ne plongent pas dans l’isolement, le mal-être, la déprime, l’angoisse, voire les conduites addictives.

Un isolement très difficile