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Interview22 avril 2020
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Emmanuel Sys : « Il faut des psychologues en renfort dans les Ehpad »

Équipements individuels, tests, visite des familles... Emmanuel Sys revient sur les demandes de la Conférence nationale des directeurs d'établissements publics pour personnes âgées et handicapées (CNDEPAH) pour répondre à la crise du Covid-19.

Quelles sont les remontées des structures en matière d'équipements individuels ?

Emmanuel SysLa situation est variable selon les régions mais après plusieurs semaines difficiles nous n'avons plus aujourd'hui les mêmes soucis d'approvisionnement. Les masques chirurgicaux – en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) - sont utilisés en systématique, sans toutefois que la doctrine nationale ait changé sur ce point, ce qui est d'ailleurs regrettable car les stocks permettent désormais un port permanent des masques par les personnels. En revanche les masques FFP2 exigés pour les séances de kinésithérapie respiratoire et surtout lors des tests diagnostics, ne sont pas généralisés dans les dotations. Ce qui devrait l'être.

Quid des surblouses ?

E.S.Contrairement aux masques, les surblouses n'ont pas fait l'objet d'une réquisition par l'État. Résultat, la production est insuffisante et les circuits d'approvisionnement sont engorgés. Pourtant c'est un équipement indispensable pour lutter contre la propagation du virus. Des alternatives se mettent en place comme le recours aux surblouses en tissu, mais qui pose des problèmes de lavage. Plus innovant, certains fournisseurs de sacs plastiques ont réorienté leur production vers la confection de surblouses. L'État doit recenser ces initiatives pour soutenir cette production.

Enfin, reste le problème des thermomètres frontaux. Beaucoup d'établissements n'en ont pas alors qu'ils sont indispensables au diagnostic.

Vous souhaitez la généralisation des tests...

E.S.Les tests doivent être réalisés pour l'ensemble des résidents et personnels dès l'apparition du premier cas comme cela vient d'être lancé dans certaines régions (Ile-de-France en particulier). Nous savons aujourd'hui que les symptômes peuvent être très variés d'un individu à l'autre et surtout que de nombreuses personnes sont asymptomatiques mais contagieuses. Par ailleurs, la consigne initiale consistant à arrêter de tester les résidents à partir de trois cas positifs n'a aucun sens et ne répond pas aux attentes des personnels. Les équipes ont besoin d'avoir un état des lieux objectif de la situation et de sentir que la direction est dans l'action. Les établissements pour personnes handicapées (type maisons et foyers d'accueil médicalisés) doivent également avoir accès à cette généralisation des tests.

Avec la prolongation du confinement, vous avez réclamé l'assouplissement des directives en matière de visite des familles, vous avez été entendu...

E.S.Oui, même si on a assisté à un raté dans la communication gouvernementale ! En annonçant le dimanche 19 avril au soir la réouverture des structures pour les familles dès le lendemain matin, le ministre de la Santé Olivier Véran a mis les directeurs devant le fait accompli. Nous l'avons d'autant plus mal vécu que dès le lendemain, les familles nous ont appelés. Or agir dans la précipitation porte le risque de mal calibrer l'action ! Ce nouveau droit de visite peut créer des frustrations : dans certaines structures où la situation épidémique est très préoccupante, les familles ne pourront probablement pas voir leur proche s'il est atteint du Covid. Sur ces questions, le protocole national s'en remet à l'arbitrage des directeurs. Néanmoins dans la plupart des établissements, les premières visites auront lieu dès la fin de la semaine.

Vous plaidez aussi pour la hausse des effectifs...

E.S.Le confinement a conduit les directeurs à mettre en place des organisations qui nécessitent davantage de personnels (repas pris dans les chambres, accompagnement individuel...). Ce qui a exacerbé la situation de sous-effectifs déjà criante et les établissements ont dû renforcer leur personnel soignant. Au-delà, les résidents confinés nécessitent un soutien social car les familles et les bénévoles ne sont plus là. Nous avons aussi besoin de davantage de temps de présence des psychologues pour les personnes âgées en détresse. Certaines structures ont fait le choix de renforcer les équipes en ce sens. Nous réclamons qu'un élément de doctrine nationale valide ces initiatives avec les conséquences budgétaires qui vont avec.

Quelles sont vos relations avec les agences régionales de santé (ARS) ?

E.S.La crise place les directeurs dans une situation d'obligation de moyens qui ne peut s'accompagner d'une obligation de résultat. Nous devons décliner les orientations nationales et régionales mais la contagiosité du virus rend l'évolution de sa propagation impossible à maîtriser. Attention à ne pas tomber dans la dérive tendant à faire supporter au directeur la responsabilité de la diffusion du virus dans son établissement ! Nous appelons les ARS à être dans une philosophie d'accompagnement, de soutien et de bienveillance et non dans une posture inquisitrice. Heureusement cela n'est pas le cas aujourd'hui, espérons que cet état d'esprit perdure !

NoémieCOLOMB
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