À l’automne 2016, la ville de Paris a installé, en lien avec Emmaüs et le Samu social, un camp d’accueil pour les réfugiés porte de la Chapelle, à Paris. Pendant 18 mois, les deux réalisateurs, Vincent Gaullier et Raphaël Girardot, ont posé leur caméra dans ce lieu qui propose aux exilés un suivi médical, administratif et un hébergement pendant cinq à dix jours avant de les orienter, pour certains, vers d'autres structures.

Afghans, Éthiopiens, Érythréens, Iraniens, Soudanais… sous nos yeux ébahis, émus ou indignés, ils nous racontent leur parcours d’exil avec son lot de violences dont ils taisent souvent les plus ignobles. Leurs visages sont marquants. Totalement épuisé, Idriss nous conte son interminable fuite du Soudan vers l’Italie. En Libye, il a connu des mois de prison, le racket (il a perdu 4 000 €), s'est fait « revendre » plusieurs fois par des « businessmen ».

Dans cet océan de tristesse émergent quelques bulles d’espoir. Ce jeune Nigérian a connu la rue dans son pays. Il voudrait devenir « un être humain accompli » et rêve d’une carrière musicale. Le passage par la case préfecture est beaucoup moins joyeux. En vertu des accords de Dublin, tous les réfugiés qui ont laissé leurs empreintes dans un pays européen doivent repartir théoriquement dans celui-ci. Mais la plupart ne le feront pas et s'enfonceront dans la clandestinité.

Forcément, on regarde ce documentaire poignant en pensant aux millions d'Ukrainiens qui fuient leur pays. Même s'ils sont mieux accueillis que les Syriens ou les Soudanais, leurs blessures de l'exil sont les mêmes. Ce film nous aide à les explorer. 

Que m’est-il permis d’espérer ? Par Vincent Gaullier et Raphaël Girardot, en salles le 30 mars.