Dans le bassin minier, à cheval entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais, la fermeture des mines et des industries dans la seconde partie du XXe siècle a fait monter le chômage en flèche. Pour remobiliser celles et ceux qui n’y croient plus, le programme Dest’1, porté par la Sauvegarde et Vitamine T, s’est implanté dans la région.
Dans le petit local du programme Dest’1 de Douchy-les-Mines, les cartes sont soigneusement étudiées par les participants. L’heure est au démarrage de l’atelier de socio-esthétique. En guise d’introduction, Agathe Helleboid, l’animatrice, propose à chacun de sélectionner trois cartes d’humeur pour exprimer son état d’esprit du moment.
Florence choisit « fatiguée », « triste » et « déçue », Denis opte pour « ouvert » mais « épuisé ». Georges, le troisième participant, apporte un peu de baume au cœur en indiquant avoir choisi les cartes de « joyeux » et « courageux », même s’il nuance son propos à l’aide des cartes « stressé » et « timide ».
Accompagner les invisibles
Dès le moment de présentation, les yeux s’embuent et les voix se troublent. Les personnes qui passent la porte du local portent souvent un lourd fardeau de précarité et de problématiques sociales diverses.
Dest’1 a pour mission d’accompagner les « invisibles », ceux et celles qui ont atteint un tel niveau de difficultés qu’ils ne réclament plus leurs droits auprès des administrations, qu’ils ne se déplacent plus aux permanences des associations.
Remettre dans le circuit
Pour remettre ces personnes dans le circuit de l’accompagnement social, il demeure nécessaire de « centraliser leurs demandes et besoins au même endroit », explique Élodie Vanderstraete, coach du programme.
« Prenons une personne accompagnée par Pôle Emploi qui fait face à des problématiques sociales, détaille-t-elle. Le conseiller Pôle Emploi ne pourra pas lever ces freins et la personne va être baladée de structure en structure » ; jusqu’à s’épuiser et ne plus se rendre aux rendez-vous.
« De quoi avez-vous besoin ? »
D’où cette volonté de « bâtir un accompagnement autour de la personne et non l’inverse, poursuit son collègue Gilbert Lechardeur. Les gens sont d’ailleurs souvent un peu surpris, car la première chose qu’on leur demande, c’est "de quoi avez-vous besoin ?" »