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D'anciens détenus s’évadent par la culture

Longs FormatsLise VERBEKE19 novembre 2020
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À Amiens, une cinquantaine d’hommes, parmi lesquels une majorité d'anciens détenus, sont hébergés au foyer des Augustins, de l’association l’Îlot. Dans une chapelle désaffectée jouxtant le foyer, encadrés par des professionnels, ils apprennent à manier les mots, à jouer, à chanter. Un accès privilégié à la culture qui soutient leur reconstruction.

« Je m’en fous, de tout, de ces chaînes qui pendent à nos cous ». Les paroles de Jean-Jacques Goldman résonnent dans la chapelle. Les interprètes, une petite dizaine de résidents du foyer des Augustins, s’époumonent, pleins d’entrain, et couvrent même le son du piano qui les accompagne.

Quelques fausses notes 

Quitte à laisser échapper quelques fausses notes, qui n'écorchent pas l'oreille de leur professeur du jour, Anne Leviel. « Essayez d’écouter la musique, vous êtes un peu en avance sur certains couplets », tente la conteuse et chanteuse professionnelle. Elle anime bénévolement pour quelques heures cet atelier chant dans ce lieu atypique.

Les traces du passé religieux de la chapelle ont en partie été effacées. Une console son et lumière a remplacé l’autel. Le lieu est cosy et feutré. Lise Verbeke pour Le Media social

Un vrai petit théâtre

On entre dans la chapelle par une porte dérobée, depuis la salle commune du foyer, où les résidents prennent leur repas et regardent la télé. Les traces du passé religieux y ont été en partie effacées. Une console son et lumière a remplacé l’autel.

La scène, au centre de la chapelle est ceinturée par de longs rideaux noirs surmontés de projecteurs. Une vingtaine de sièges rouges se substituent aux prie-Dieu. Quelques panneaux de bois sont cloués sur les vitraux usés pour limiter les courants d’air. On croirait un vrai petit théâtre, à l’ambiance feutrée et cosy.

« Faire entrer de la vie »

« Quand nous avons fait des travaux de réhabilitation du foyer en 2012, explique le directeur des Augustins, cette chapelle était à l’abandon, je l’utilisais comme un lieu de stockage, on ne savait pas trop quoi en faire ». Jusqu’à ce que Charles Barbezat rencontre, en 2016, Olivier Mellor, comédien et metteur en scène à la compagnie du Berger.

La troupe amiénoise cherchait un lieu pour répéter et construire ses spectacles. Le directeur y a vu un moyen de « faire entrer de la vie » dans le foyer. Ils signent alors une convention, avec mise à disposition gratuite de la chapelle.

La Chapelle-Théâtre jouxte les locaux du foyer des Augustins. Depuis 2016, elle est mise à disposition gratuitement pour des compagnies artistiques picardes. En échange, celles-ci y animent des ateliers à destination des résidents. Lise Verbeke pour Le Media social