Notre série "En quête de sens" s'intéresse à la trajectoire singulière de travailleurs sociaux désireux de partager leurs découragements et leurs enthousiasmes. À Toulouse, Ben Art Core a les deux pieds dans le "social" : veilleur en Mecs la nuit, photographe militant le jour. Accompagner, documenter, dénoncer les précarités : un triptyque qui guide son quotidien.

Vous ne connaîtrez pas son identité civile : son travail photographique sur l’extrême droite voici quelques années, et les menaces qui ont suivi, l’ont rendu prudent. Mais son âge oui : 39 ans. Profession : veilleur de nuit. Passion : la photographie « sociale ».

Ben Art Core a grandi à Paris. En sortie de troisième, après une scolarité difficile, il se dirige vers un CAP photo. « J’ai tout de suite commencé auprès des personnes précaires de mon quartier que je côtoyais au quotidien, dans le parc que je traversais pour aller au lycée professionnel », raconte-t-il.

Des petits boulots

Son diplôme en poche, il travaille rapidement en tant que photograveur. Mais à Paris, la vie est chère. Alors, il part en 2006 s’installer à Toulouse, où des membres de sa famille l’hébergent.

Il met un temps la photo de côté pour naviguer dans le milieu de la free party, et fait 36 petits boulots. « Plonge, manutention, déchargement de camion, travail à l’usine… quand tu n’as pas le permis, ça limite un peu les possibilités », confie-t-il. Attiré par les métiers du lien social, il passe en 2010 le brevet d’aptitude professionnelle d’assistant animateur technicien de la jeunesse et des sports (Bapaat).

Démarrer dans l’animation

« Je voulais travailler en lien avec les publics précaires, mais je ne me sentais pas de suivre la formation d’éducateur. Cela m’aurait intéressé mais moi qui ai toujours été dernier de ma classe, ça me paraissait trop compliqué ».