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Article13 juillet 2022
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Axel, la rage d’être libre

Notre série "À voix haute" donne la parole à ceux qui n'ont longtemps pas eu voix au chapitre : les "personnes accompagnées''. Axel Mandouki, 35 ans, est suivi par la justice depuis son adolescence. Une justice qui peine encore, selon lui, à assurer sur les volets de la prévention et de la réinsertion sociale.

La fin de l’enfance, pour lui, a eu lieu brutalement à seize ans. Axel prend une balle dans la jambe. Pas une balle perdue : elle lui était destinée. « Pour rien… des embrouilles de quartiers, des trucs qui datent de générations au-dessus de toi. »

Les années précédentes, tout s’était enchaîné : la volonté de devenir « un dur », d’abord, « pour ne pas se faire écraser ou harceler. Quand t’es un garçon dans les quartiers, t’as deux choix : tu domines ou tu es dominé ».

Une spirale

À cette injonction à la violence s’ajoutent des perspectives d’avenir absentes. Un BEP secrétariat auquel il n’accroche pas. Puis, rapidement, le voilà entraîné dans la spirale de la délinquance. Une première porte de prison se referme sur lui au quartier mineur de la maison d’arrêt du Val d’Oise. Il a seize ans, nous sommes en 2003, la même année que le coup de feu dans la jambe. La première de ses six incarcérations.

Depuis, Axel a toujours été sous contrôle de la justice, en milieu ouvert ou en milieu fermé. Plus de la moitié de sa vie. Aujourd’hui, il est « très fatigué. Je veux en finir avec tout ça ». Et témoigner, aussi, des conditions de détention et d’une justice qui peine encore, à ses yeux, à accompagner les personnes condamnées dans leur réinsertion.

De bons éducateurs

Quand on lui pose la question, il sourit en silence : non, il ne parviendra pas à savoir combien d’éducateurs et autres travailleurs sociaux l’ont accompagné depuis ses premières prises en charge par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). De son séjour au quartier mineur puis en centre éducatif renforcé (CER), il retient cependant la bonne relation entretenue avec les éducateurs. « Le CER, c’était bien ! Il y avait de bons éducateurs, tu t’amuses, tu rigoles, tu discutes ».

Il se souvient des sorties, des repas partagés. D’une vie « normale » qu’il n’avait jamais eue avant d’être sous main de justice : « Je me sentais en famille. Tout ce que je n’avais pas eu dans ma famille, je le retrouvais dans les lieux où j’étais puni. Et ça peut paraître bizarre, mais c’est des choses que j’ai pu ressentir en prison aussi, grâce à la solidarité entre détenus. »

En détention : la survie