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Article27 juin 2023
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Après la Conférence nationale du handicap, les directeurs de MDPH dans l'expectative

Deux mois après la Conférence nationale du handicap (CNH), les directeurs de maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) s’interrogent sur la mise en œuvre des annonces et les moyens qui y seront associés.

Comment vont se concrétiser les annonces formulées par le président de la République, le 26 avril dernier, lors de la Conférence nationale du handicap ? La question est posée par de nombreux acteurs ces dernières semaines.

C’est le cas, en particulier, de l’Association des directeurs de maisons départementales des personnes handicapées (ADMDPH) qui s’interroge sur la mise en œuvre des mesures qui concernent directement les MDPH.

Rendez-vous initial

Le gouvernement a en effet annoncé qu’à partir de 2024, les personnes s’adressant à la MDPH pour la première fois seraient « assurées d’avoir un rendez-vous initial avec un interlocuteur dédié et formé, capable de les renseigner sur leurs droits et de les orienter vers les bons services en lien avec leurs aidants et leur famille ».

Les MDPH devront aussi mettre en place une démarche d’« aller-vers » les personnes qui ne se présenteraient pas spontanément. En outre, des référents de parcours, chargés de soutenir les personnes dans leur accès aux droits, y seront désignés.

« Temps chronométré »

« Ces mesures ne pourront en aucun cas se mettre en place à moyens constants », avertit Jean Dutoya, président de l’ADMDPH. En particulier, « le rendez-vous avec un primo-demandeur requiert des compétences spécifiques, en matière de connaissance des différents handicaps mais aussi d’écoute et d’empathie. Cet entretien qualitatif ne peut pas se faire si le temps est chronométré », poursuit-il.

Et si une enquête, réalisée au sein de l’association, montre que 91 % des directeurs de MDPH sont volontaires pour les mettre en œuvre, tout porte à croire que cela ne sera pas possible en l’état actuel des effectifs.

Des MDPH « sous grande tension »

« Les MDPH se trouvent sous grande tension pour répondre aux demandes qui leur arrivent quotidiennement, et seule une moitié parvient à tenir le délai réglementaire de décision rendue en moins de quatre mois », indique l’association. Cela s’explique par les différentes actions qu’elles mettent en place : évaluation des besoins, soumission du dossier en commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), notification et information des partenaires concernés.

Pour cela, « les moyens de l’État ne s’élèvent qu’à 40 € par décision en moyenne ; ces moyens limités ne permettent pas de répondre suffisamment rapidement à toutes les demandes reçues », souligne Jean Dutoya.

Dans ce contexte, et alors que les travaux préparatoires au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 ont démarré, l’association espère que des crédits nouveaux seront programmés pour créer des postes dans les MDPH.

Société plus accessible

Par ailleurs, les annonces plus générales qui visent à rendre la société plus accessible posent également question. Ainsi, à l’école, le gouvernement prévoit qu’à l’avenir, l’Éducation nationale soit chargée de réaliser une réponse de premier niveau pour les enfants présentant des difficultés. Dans cette nouvelle organisation, la MDPH n’interviendra qu’en deuxième niveau, lorsqu’un besoin de compensation s’avérera nécessaire.

De même, en matière d’emploi, France travail aura la responsabilité d’accueillir les personnes handicapées.

Des habitudes ancrées

Sur tous ces sujets, « nous ne pouvons qu’être favorables à cette évolution de la société », approuve Jean Dutoya. Cependant, il rappelle que les MDPH sont bien installées dans le paysage institutionnel, et que les habitudes mettront du temps à changer. « Les citoyens vont continuer à s’adresser aux MDPH lorsqu’ils ont une question liée au handicap, et il nous reviendra de les réorienter, ce qui nécessitera aussi du temps et des moyens. Notre rôle sera de leur donner des clés pour comprendre ces changements et éviter le sentiment de complexification », explique-t-il.

Au final, l’association se dit « dans les starting-blocks pour accompagner ces transitions mais souhaite être impliquée dans la construction de ces nouveaux fonctionnements avec l’ensemble des acteurs concernés ».

NoémieCOLOMB
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