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Article20 septembre 2019
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Alzheimer : deux livres pour mieux vivre avec...

Ce 21 septembre marque la 26e journée mondiale Alzheimer. L'occasion de s'arrêter sur cette maladie qui touche aujourd'hui plus de 900 000 personnes en France. Deux livres récents posent un regard lucide et bienveillant, loin de tout catastrophisme.

Le livre Que faire face à Alzheimer ? de la docteur Véronique Lefebvre des Noëttes, le professeur d'éthique médicale Eric Fiat en parle très justement. « Pour accompagner les malades d'Alzheimer, cette sensibilité poétique (créatrice) aux récits où une présence secourable sait parfois réveiller « le  feu qui dort dans la branche sèche ou le caillou » ,comme le dit Hölderlin, ne lui est pas chose moins utile que les savoirs qui lui viennent de la faculté de médecine. » La force de ce livre est de sortir d'une approche exclusivement médicale pour être un manifeste humaniste. Ce que dit Fiat avec ses mots : « Notre auteur nous invite à réveiller les sens, à écouter la petite musique des autres. [...]. A ne pas les regarder comme des déjà-morts et à ne pas regarder leurs lieux de vie comme de simples mouroirs. » 

Une consultation mémoire voici 30 ans

Celle qui signe ce livre passionnant n'est pas seulement une gériatre reconnue qui officie depuis une trentaine d'années auprès des gens désorientés à l'hôpital Émile Roux (Val-de-Marne). Précurseur, elle est : voilà trente ans, elle a lancé avec une psychologue une consultation mémoire. Elle est également docteur en philosophie pratique, ce qui lui permet de prendre souvent de la hauteur (d'autant plus utile que les réalités humaines sont rudes). Dans son domaine, elle explique que l'épreuve d'Alzheimer pour les proches conduit à affronter la peur. « La peur peut nous figer dans des attitudes d'évitement, d'exclusion, d'indifférence ou de rejet », explique-t-elle.   

« Chercheur dans un pays obscur » 

Dans son livre pavé (près de 300 pages), l'auteur examine toutes les questions que pose cette maladie qui est la plus crainte après le cancer. Elle ne le fait pas comme une « sachant » mais comme quelqu'un qui tâtonne et qui n'a pas peur d'envoyer valdinguer les certitudes. Une épouse de malade résume bien la traversée de la nuit qu'il faut faire : « Je suis chercheur qui part pour un pays obscur mais mon bagage ne sert à rien. Le raisonnement, la logique, la conscience ne sont que des fardeaux. » L'une des choses dont il faut se défaire pour faire ce voyage en Alzheimer, c'est la primauté du langage, ce « je parle donc je suis » dont nous sommes tous les porteurs.

Simon Lambert / REA