Alain Régnier vient de prendre sa retraite de haut fonctionnaire. Très connu comme Dihal, qui s'occupe du logement des plus fragiles, il a également outillé la politique de la ville avec Jean-Louis Borloo, servi dans un département et pris en charge l'accueil des réfugiés. Portrait d'un serviteur de l'État aux convictions chevillées au corps.
On avait prévu une bonne heure pour cette rencontre qui a duré le double. Alain Régnier, en effet, tout modeste qu'il soit, est un monument de l'action publique en matière d'hébergement, de politique de la ville ou d'accueil des réfugiés. Mais il garde une lucidité amusée sur les jeux de pouvoir dont il a été le témoin et parfois le centre.
Passion des relations humaines
Sur le papier, rien ne prédisposait ce Lorrain à épouser la haute fonction publique. Ce natif de Toul, en Meurthe-et-Moselle, avait suivi des études approfondies de biologiste. Alain Régnier devait devenir chercheur. Et puis patatras ! Il découvre l'écart « entre le rêve et l'âpreté du travail des chercheurs seuls dans leur laboratoire. » Les relations humaines le passionnent, lui qui est actif dans des associations culturelles et qui siège au conseil municipal de Toul.
Des hauts fonctionnaires hors sol
Après l'institut régional d'administration, il échoue au concours de l'ENA mais réussit celui pour devenir sous-préfet. Certains ne manqueront jamais de lui signifier qu'il n'est pas énarque. « En 2014, raconte-t-il, dans l'annuaire des hauts fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, j'ai découvert que le nom de ceux qui étaient passés par l'ENA était souligné. »
Au cours de sa carrière, il a constaté « le mépris de ceux qui sont "dans la botte" [en tête du classement de l'ENA, NDLR] envers l es autres, raconte Alain Régnier. Beaucoup de mes collègues [passés par l'ENA] n'ont jamais connu la moindre difficulté dans leur vie personnelle. »