En Meurthe-et-Moselle, travailleurs sociaux, étudiants, magistrats, policiers et gendarmes se sont retrouvés lors d’une journée d’étude consacrée à la prostitution des mineurs. Objectifs : renforcer la coordination des acteurs et trouver des leviers d’accompagnement face à un phénomène qui ne cesse de s’étendre.
Salle comble, au point qu’il a fallu refuser des inscriptions. L’institut régional du travail social (IRTS) de Lorraine, le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse, ainsi que des associations, organisaient jeudi 9 octobre une journée d’étude sur le thème « Prostitution des mineur·e·s : protéger les mineur·e·s de l’exploitation sexuelle ».
Une affluence qui dit bien l’inquiétude et l’intérêt suscités par un phénomène en pleine expansion. « Près de 20 000 mineurs seraient exploités sexuellement aujourd’hui. Un phénomène en augmentation », rappelle Chaynesse Khirouni, présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. « Le fait d’être placé à l’aide sociale à l’enfance (ASE) doublerait le risque d’être victime », poursuit l’élue.
« Je gère ! »
Les victimes sont majoritairement des jeunes filles. Si leurs profils sont variés, il y a une surreprésentation de jeunes ayant subi des violences intrafamiliales et du harcèlement scolaire. Nombre d’entre elles présentent une fragilité psychologique et des troubles de la figure d’attachement. Des vulnérabilités que les proxénètes exploitent avec méthode, en tissant peu à peu leur emprise, le plus souvent via les réseaux sociaux.
« Vous, professionnels, vous avez le mauvais rôle ! », lance Bénédicte Lavaud-Legendre, juriste et chercheuse au CNRS. « Les jeunes ne se considèrent pas la plupart du temps comme victimes, elles ont l’impression d’être libres et consentantes, elles disent "je gère" ! Alors qu’elles sont prises dans des pratiques qui reposent sur une logique criminelle et des faits pénalement répréhensibles. »