La crise du recrutement dans l’action sociale n’est pas due au désengagement des jeunes, mais à la dégradation des conditions de travail. Ils refusent des emplois indignes et aspirent à un travail utile et correctement rémunéré, analyse Jean-Luc Gautherot, ingénieur social, dans cette chronique*.
Rien ne semble indiquer une baisse des difficultés de recrutement dans l’action sociale. Une explication s’est installée dans les têtes : le rapport au travail de la jeune génération aurait changé. Contrairement aux anciens, les jeunes professionnels refuseraient de s’engager durablement, préférant privilégier leur vie personnelle en dehors du travail.
Pas si sûr. Envisageons une autre hypothèse plus marxiste. Et si c’était le travail qui avait changé ? Et si la jeune génération refusait des emplois devenus indignes, trop en décalage avec leurs exigences légitimes en termes de salaire et de conditions de travail ?
C’est ce que semble confirmer une étude de l’Institut Montaigne, rendue publique en avril 2025, et intitulée : « les jeunes et le travail, aspirations et désillusions des 16-30 ans ».
L’hypothèse d’un nouveau rapport au travail de la jeune génération
J’entends régulièrement des directeurs ou des directrices d’établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) qui s’offusquent de l’attitude des jeunes diplômés en travail social. Ces derniers osent demander des précisions sur les conditions de travail dans les entretiens d’embauche et vont parfois jusqu’à exposer leurs exigences personnelles sur les horaires.