Notre série "À voix haute" donne la parole à ceux qui n'ont longtemps pas eu voix au chapitre, les "personnes accompagnées". Travailleuse d’Esat, Élodie Davoigneau a été élue conseillère municipale aux dernières élections de 2020, à Mézin. Une première, dans ce village qui pratique l’inclusion depuis trente ans.

« Vous avez vu l’aire de jeux pour enfants et le skatepark que nous avons réalisés ? », interroge Élodie Davoigneau en traversant le village. À 30 ans, cette conseillère municipale de Mézin, élue depuis 2020, est une pionnière.

Car les travailleurs d’établissements et services d'aide par le travail (Esat) qui sont aussi élus locaux doivent se compter sur les doigts d’une seule main - une donnée aujourd’hui indisponible.

Peu médiatisée

Elle n’a pourtant pas fait les gros titres des journaux, contrairement à Éléonore Laloux, élue au conseil municipal d’Arras et porteuse de trisomie 21.

Peut-être en raison de l’inclusion discrète qui se pratique dans ce village du Lot-et-Garonne depuis trente ans, lorsqu’Alain Paul Perrou, directeur d’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (Itep) et natif de Mézin, y installa un des premiers Esat hors les murs pour les personnes en situation de handicap psychique ?

« J’ai voulu participer »

« Un après-midi, avant la campagne municipale, le maire sortant M. Lambert est venu me voir alors que j’étais devant la blanchisserie où je travaille, raconte-t-elle. Il m’a dit qu’il voulait me parler, moi j’avais un peu la trouille ! Puis il m’a demandé si je serais partante pour faire partie du prochain conseil municipal, car il voyait que j’avais du contact avec les habitants ».