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À l’écoute des enfants exposés aux violences conjugales

Longs FormatsAurélie VION16 septembre 2021
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Depuis 2018, à Reims, le groupe Pélican permet aux enfants exposés aux violences conjugales de s’exprimer, d’apprendre à gérer leurs émotions et à résoudre les conflits sans violence. Porté par une équipe pluridisciplinaire, le dispositif peine à trouver un financement pérenne.

Comme tous les vendredis soir, un petit groupe d’enfants se retrouve à la Maison de la famille de Reims : ils ont rendez-vous avec Pélican.

Le volatile en bois trône dans un coin d’une grande pièce lumineuse emplie de jouets, de coussins et de dessins accrochés aux murs. Il présente de grandes ailes, et un large bec que l’on peut ouvrir pour y glisser ses secrets.

À la Maison de la famille de Reims, des enfants exposés aux violences conjugales ont rendez-vous avec Pélican. Dans son grand bec, ils vont pouvoir déposer leurs secrets. Mathieu Cugnot / Divergence pour Le Media Social

Petits mots, dessins, objets réalisés en pâte à modeler… Qu’importe le moyen d’expression, l’important est que l’on puisse lui confier ce que l’on n’ose formuler à haute voix. Et des secrets, souvent très lourds à porter, les enfants qui participent à ce groupe en ont tous. Leur point commun : ils ont été exposés à des violences conjugales ou intrafamiliales.

Ce groupe de soutien et d’écoute a été mis en place en 2018, à l’origine par l’association Foyer le Renouveau avec l’appui de l’association Paroles de parents. Il est désormais, depuis le 1er janvier dernier suite à une fusion-création, piloté par l’association Rosace.

Combler un manque

« Pélican a vu le jour suite à un constat partagé à l’époque par la déléguée aux droits des femmes de la Marne, qu’il existait un manque dans les prises en charge en matière de lutte contre les violences conjugales, explique Sophie Plouchart, chargée de développement pour le groupe Pélican. Il y avait des accompagnements pour les victimes, d’autres pour les auteurs de violences, mais pour les enfants, à moins qu’ils n’aient reçu eux aussi des coups, il n’y avait rien. »

Des conséquences graves

Même si les enfants ne subissent pas directement les coups, l’exposition aux violences conjugales peut engendrer des conséquences graves sur leur santé.   Mathieu Cugnot / Divergence pour Le Media Social

Or, même si les enfants ne subissent pas directement les coups, l’exposition aux violences peut engendrer des conséquences graves sur leur santé : syndrome de stress post-traumatique, anxiété, cauchemars, dépression, hypervigilance à l’égard du parent victime, agressivité, troubles d'apprentissage, de la concentration…

Sans compter les répercussions à long terme, qui peuvent être multiples : relation à l’autre basée sur la domination ou la violence, conduites à risque…

Enfant témoin = enfant victime

« L’enfant témoin de violences est avant tout un enfant victime, souligne Sandrine Carlier, la psychologue qui coanime le groupe Pélican. Comme l’a théorisé la psychanalyste Alice Miller, les enfants risquent de reproduire dans le futur les schémas de violence qu’ils ont eux-mêmes vécus, à moins qu’ils ne rencontrent un témoin secourable. »

Autrement dit : « Une personne extérieure à la situation qui va, par son attention, permettre à l’enfant de prendre conscience que la réalité qu’il vit n’est pas la normalité. »

Enrayer la spirale de la violence

Éviter la reproduction des violences, agir de manière préventive : tel est l’une des ambitions du groupe Pélican.

« 100 % des auteurs de violences ont grandi dans un milieu de violences intrafamiliales, affirme Sophie Plouchart. Nous souhaitons enrayer cette spirale de la violence en essayant d’apaiser ces enfants. »

Une équipe pluridisciplinaire