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À l'aube d'une généralisation, les "PAS" en question

Longs FormatsElsa GAMBIN10 juillet 2025
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Après un échec en commission mixte paritaire (CMP), la proposition de loi "école inclusive" doit revenir prochainement devant les deux chambres du Parlement. La généralisation des pôles d'appui à la scolarité (PAS), prévue par le texte après seulement une année d’expérimentation dans quatre départements, fait encore débat.

Lorsqu’on évoque les pôles d'appui à la scolarité, communément dénommés PAS, la tiédeur est rarement de mise. L’idée séduit certains, autant qu’elle provoque ailleurs le rejet. C’est que la question - épineuse - de l’inclusion polarise depuis toujours associations, parents, professionnels et syndicats enseignants. Et les PAS, expérimentés depuis la rentrée 2024 dans quatre départements (Aisne, Eure-et-Loir, Côte-d’Or et Var), n’y coupent pas.

Un binôme

Composé d’un binôme enseignant spécialisé et travailleur social, le PAS, qui peut être sollicité par les familles ou l’équipe éducative, est une réponse de premier niveau. Une sorte de premier diagnostic, bien avant de saisir (si besoin) la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), permettant de prendre en compte et de modifier si besoin, sur les conseils du binôme expérimenté, la dimension environnementale et les outils pédagogiques autour d’un élève à besoin éducatif particulier (BEP).

Il ne s’agit donc pas d’un accompagnement au handicap, mais bien de venir épauler ponctuellement l’enseignant en lui proposant des solutions rapides et concrètes pour le mieux-être de l’élève.

Un dispositif très particulier

Marie-Christine Philbert, administratrice de la Fnaseph. DR

Marie-Christine Philbert, administratrice de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph) et présidente de l’Union des associations de personnes handicapées de l’Aisne, un des départements préfigurateurs, fustige « la rafale de textes sortis depuis dix ans » sur les questions d’inclusion. 

Mais pour elle, les PAS « sont très particuliers par rapport à tout ce qui a été fait jusqu’à présent ».

Un bilan positif 

Dans son département, tout a été pensé pendant plusieurs semaines en amont du démarrage, « avec l’Éducation nationale bien sûr, mais aussi en associant des parents », et, fait rare, la MDPH y est un véritable partenaire. Les binômes sont composés d’enseignants spécialisés ou passés par des classes unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) et d’éducateurs spécialisés ou moniteurs éducateurs issus d’instituts médico-éducatifs (IME) ou de services d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad). 

Pour un résultat qu’elle juge très positif. « Le médico-social apporte de véritables compétences et propose des stratégies d’accompagnement de l’enfant. Notre bilan fait état de 952 saisines et le "mode opératoire" est bien rodé. »

Testé pendant trois mois

Le PAS contacte la famille sous trois jours et intervient dans la quinzaine, après une première rencontre avec les parents. « Pour nous, l’expertise de la famille est essentielle. C’est elle qui connaît le mieux les difficultés de son enfant. » Le binôme propose ensuite un temps d’observation en classe puis, en fonction de ses observations, détermine « un plan d’action ». Aménagements pédagogiques et éducatifs, rythme, mobilier et matériel adapté…