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Portrait20 novembre 2020
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[À voix haute] « Lutter tous les jours »

Notre série "À voix haute" donne la parole à ceux qui n'ont longtemps pas eu voix au chapitre : les "personnes accompagnées''. Jessie Richart, 38 ans, est mère de quatre enfants et déjà trois fois grand-mère. « En colère contre la vie », elle lutte au quotidien pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.

« On voit bien mes mains de travailleuse », se réjouit-elle en observant la photo prise pour illustrer ce témoignage. Ses mains en sont la preuve : le travail, pour Jessie Richart, c’est fondamental. Une chose lui fait horreur : que l’on puisse croire qu’elle « attend le 5 du mois pour aller chercher [s]on RSA à la poste. » Son sourire disparaît alors brutalement. « Personne ne peut imaginer la galère s’il ne l’a pas vécue. Il y a des gens qui luttent tous les jours. »

La bataille quotidienne débute pour elle au milieu de la nuit. Tôt ce matin, comme tous les jours, elle a laissé son fils endormi à poings fermés sous la responsabilité de son grand-père - le père de Jessie.

Aux petites heures de la nuit

Elle s’est ensuite engouffrée dans sa petite voiture glacée, achetée 500 € grâce à une limitation stricte sur la consommation alimentaire et des prêts de proches. Parce que « sans voiture, pas de boulot. Et sans boulot, pas d’argent pour payer une voiture ». Jessie prend son poste à cinq heures du matin, à l’heure où les bus et les métros ne circulent pas encore.

Manutentionnaire à mi-temps dans une entreprise de Villeneuve d’Ascq (Nord), à une dizaine de kilomètres de chez elle, elle terminera à neuf heures. Elle ira alors retrouver son fils de deux ans et entamera sa seconde journée de maman. Alors, non, elle n’est pas une personne qui « attend les aides ».

« Une image pas très positive »

Son premier contact avec les travailleurs sociaux a lieu très jeune : Jessie, trois ans et demi, passe du jour au lendemain de la garde de son père à celle de sa mère. « Une inconnue » pour elle. « À cause du choc psychologique, je suis tombée malade : je me suis mise à faire de l’épilepsie, j’avais des convulsions. Alors ma mère m’a remise chez mon papa. »

Jessie est alors confrontée à ce qu’elle identifie comme la première injustice du service social : la fillette officiellement placée chez sa mère, cette dernière continue de toucher les aides sociales pendant que Jessie et son père sont en grande difficulté. « L’assistante sociale de l'unité territoriale de prévention d'action sociale (Utpas) était au courant et elle n’a rien fait… J’avais une image qui n’était pas très positive, du coup », reconnaît-elle.

Sentiment de menace